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roman

Attention..

Ce récit est de la pure fiction. 

Les personnages sont imaginaires. 

Ce texte comporte des scènes de violence, alcool, drogue, et sexe.

Il est strictement interdit aux mineurs. 

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Merci

 

Le RER s’immobilisa, et déversa sur le quai  les passagers qui s’engouffrèrent  en un flot dense et rapide dans l’escalier menant à la passerelle qui enjambait les voies. Il descendit, en dernier, et suivit le mouvement. A la dernière marche, il prit sur la droite. Cette partie du pont donnait sur la rue Des Oiseaux, au bout de laquelle se dressait  l’église, gros rectangle de granit, couvert d’un toit à deux pans, dont la porte en ogive était surmontée surmonté d’une simple croix en bois.

Du parvis du lieu de culte le petit mauricien, très brun de peau  et sentant fort l’alcool, vit s’avancer,   la silhouette portant une veille valise à bout de bras. Sa soutane ample,  et les cheveux de jais flottant au vent de ce samedi D’octobre,  donnait une allure biblique au voyageur.

Le personnage était jeune et élancé. Son vêtement couleur nuit l’enveloppait du cou aux chevilles. Ses  cheveux lisses corbeau tombaient jusqu’aux épaules de chaque côté du visage. Arrivé au mauricien, il posa la valise et lui tendit la main.

-Monsieur Murier ?

-Oui mon père, bafouilla Murier

_ Je vous emmène à l’appartement vous pourrez y laisser votre bagage mon père.

Le logement était au premier étage d’un petit immeuble en meulière à quelques mètres de  l’église. L’intérieur était sobrement peint en blanc. Quelques meubles rustiques hantaient la cuisine, le séjour et la chambre. Il  posa rapidement la valise sur le parquet. Le mauricien s’éclipsa. Il retourna à la demeure de Dieu.

 Le bénitier taillé dans un bloc de granit, était posé sur le dallage en ardoises.  L’allée centrale jalonnée de ses deux rangées de bancs en hêtre, traçait un T  avec l’hôtel  fait  de deux pierres sombres posées l’une sur l’autre. Des deux parois latérales, des vitraux naïfs  aux couleurs vives filtraient une faible lumière automnale de fin de journée. La sainte Vierge  encerclée  de cierges, près de l’hôtel, veillait sur les lieux. Une jeune femme, la tête couverte d’un foulard, la priait agenouillée à ses pieds. L’obscurité envahissait peu à peu les lieux.  Au bruit de ses pas, elle se leva et le regarda. La lueur des cierges projetait leur ombre sur la paroi. Elle était de type indou, grande, très maigre et avec des cernes profonds sous  ses grands yeux noires. Puis elle partit sans rien lui avoir dit. Le prêtre s’imprégna des lieux, et rentra au logement.

La  fenêtre du séjour donnait sur la rue. Elle était déserte. Il pleuvait. La chaussée brillait d’humidité sous la lumière crue des lampadaires. Au loin,  dans la nuit, l’éclairage du RER barrait l’obscurité d’un éclair horizontal. Il ouvrit sa valise, en sortit son PC portable, le posa sur la table et se plongea dans son homélie.

Les  cloches carillonnèrent et se turent lentement. Une dizaine de personnes de couleur entrèrent et s’installèrent sur les premiers bancs. Un Murier endimanché referma les lourdes portes et vint se placer derrière lui pour l’assister dans la  cérémonie. Un des battants de  l’entrée grinça. L’indienne pénétra et s’assit au dernier rang près d’une colonne de soutien.

Il n’avait eu que onze fidèles. Murier l’aida dans la sacristie à se défaire de sa tunique cérémoniale.

_ Ils reviendront, lâcha le diacre.

Sa montre affichait treize heures. Il avait faim et marcha vers le centre ville. Les gens le regardaient avec hostilité et curiosité mélangées. Ils s’écartaient en le croisant. Au centre de la place, une fontaine en fonte pissottait paresseusement un jet poussif. La mairie faisait un demi-cercle. Le fleuriste le bazar, le coiffeur, l’épicerie, le boucher halal et le bar tabac PMU étaient ouvert. La rôtisserie du boucher répandait une odeur de poulet braisé.  Devant la brasserie un attroupent de turcs fumaient en discutant. Dans le caniveau  les mégots s’accumulaient. Les turcs s’écartèrent lentement pour le laisser entrer. Les regards étaient hostiles. L’un d’eux cracha par terre sur son passage. Les joueurs attablés quittèrent des yeux l’écran géant qui diffusait une course pour le fixer. Il  s’accouda au comptoir. Les autres consommateurs s’en écartèrent.

- Monsieurs ? Demanda le garçon après l’avoir fait sciemment attendre.

L’homme était rablé et olivâtre.

-Un verre d’eau minérale. Où peut-on se  restaurer ?

- Je ne sais pas, répondit sèchement le barman en remplissant le verre, cinq euro, ajouta  t’il.

 Il posa dix euro sur le comptoir, but d’un trait son eau et attendit la monnaie. Le serveur ne revenait pas.

- Vous ne m’avez pas rendu la monnaie  Monsieur.

 Le serveur se figea devant lui les yeux rivés aux siens.

- Il faudrait d’abord payer avant de réclamer la monnaie.

Il sortit un second billet de dix, le jeta aux pieds du verre et s’en alla.

La place était desservie par trois grandes artères. Il s’engagea dans le boulevard Roger Salengro. Quelques mètres plus loin, il rencontra des meubles qui encombraient le trottoir devant trois grands chapiteaux bourrés de statues, vasques et jardinières en pierre claire. Au dessus du barnum qui  bordait la voie, une enseigne annonçait «Au Capharnaum Antiquités et décoration de jardin ». Tout au fond après la rangée de tentes il aperçut un hangar grand ouvert. Un homme d’une soixantaine d’années, le visage constellé de petits trous, grand, svelte et à cheveux blancs l’y accueillit.

- Puis je jeté un œil j’aime les beaux objets.

Un chat noir surveillait l’étrange visiteur du haut d’une armoire de mariage. L’animal était borgne. L’œil valide luciférien,  brillait d’un jaune orangé. Une cicatrice lui balafrait la face. Il lui manquait une oreille.

- C’est même conseillé mon père.

Le local regorgeait de meules antiques. Des lustres de style pendaient au plafond.

-Vous avez de belles choses.

Une odeur d’encaustique emplissait les narines. Une bouteille de scotch et un verre trônait sur le bureau de l’antiquaire, près du clavier d’ordinateur.

- Merci. Vous êtes le nouveau curé ?

_ Oui je suis arrivé hier.

Le chat sauta sur un autre meuble pour suivre des yeux le  prêtre. Il lui manquait également la moitié de la queue.

_ Qu’est il  arrivé à votre chat ?

_ Je n’en sais trop rien………..bagarre de toit sans doute, ………..ce n’est pas mon chat mais un squateur. J’ai entendu sonner les cloches ce matin………vous n’avez pas dû avoir grand monde à votre messe.

Sous les chapiteaux des clients appréciaient les statues. L’un d’eux contemplait une femme nue portant une cruche à l’épaule.

_ Onze fidèles.

Une camionnette blanche se gara à l’entrée. Deux gaillards de type slave en descendirent et vinrent trouver le commerçant en ignorant le prêtre.

_ Bonjour Caphar, du boulot aujourd’hui ? Demanda  l’un d’eux en un fort accent.

_ Non, répondit l’antiquaire.

Les deux hommes repartirent. Le commerçant retourna à l’homme d’église.

_ Vous savez pourquoi j’imagine……………

_ Je sais………….oui….je sais…………votre enseigne commerciale est le nom d’une ville biblique …….êtes vous croyant.

Sous les barnums les gens disparurent. Le chat continuait sa surveillance oreille unique attentive.

_J’ai vécu une aventure avec Dieu qui m’a mené au petit séminaire, mais j’ai choisi cette enseigne pour la connotation bazar qu’elle porte.

Le bruit sourd d’un avion entamant sa descente sur l’aéroport Charles De Gaule, se fit entendre.

_ Que s’est il passé entre vous et Dieu?

L’antiquaire pris quelques secondes avant de répondre.

_ Les femmes ont remporté la bataille…………..il s’en est bien vengé…… Certains maintiennent que Jésus était marié. Qu’en pensez- vous ?

Ils étaient près du bureau. Le commerçant se versa un scotch et vida son verre d’un trait sans en proposer au prêtre. Puis extrait un cigare d’une boite en bois l’alluma au Zippo et le garda en coin de bouche.

_ Vous êtes un  homme plein de vices.

_ Alcoolique, fumeur, cocaïnomane joueur et putassier et ne vous amusez pas à  la faire morale avec moi.

_ Je vous ai entendu.

De gros nuages assombrirent d’avantage l’intérieur du hangar.

_ Vous n’avez pas répondu à ma question ?

Dehors un crachin glacial se mit à tomber.

_ Jésus était un homme avant tout, il mangeait, buvais déféquait urinait, riait, pleurait ressentait angoisse et peur, Jésus aimait mais haïssait aussi, il était doux mais pouvait être violent. Cependant le Christ avait fait vœux de chasteté.

_ Comment le savez vous ?

Le chat disparut.

_ Il l’a dit lui-même « certains hommes naissent eunuques, d’autres rendus par les hommes, et d’autres par choix ».

Une vieille dame fit son entrée, protégée d’un long imperméable bordeaux, bottes en caoutchou vert aux pieds, chapeau de pluie jaune poussin sur la tête, rides remplies de poudre de riz, mouche sur la joue, bouche sanglante, sourire vide de dents, et se dirigea vers le fond du local.

 _ Vous avez oublié « humour », il lui en fallait une sacrée dose pour comparer un riche en espoir du royaume du ciel, à un chameau voulant passer par le chat d’une aiguille. Il devait se marrer en sortant ça………….

Le prêtre sourit. Au bout du hangar, à l’approche de la femme,  le chat sauta du fauteuil sur lequel il dormait, pour aller se percher sur une marche de l’escalier de meunier, qui desservait une trappe de grenier.

_ Que vouliez vous dire par « il s’en ait  bien vengé » ?

_ J’ai perdu un testicule à la guerre Golfe Persique.

La vieille  s’assit sur le fauteuil du chat pour en estimer le confort.

_ Et vous considérez la perte de votre bourse en châtiment divin……..

_ Pourquoi non ?

L’antiquaire se servit un second whisky, hotta le cigare de ses lèvres, et ingurgita le liquide

_ Ce n’est peut être pas une punition mais une guérison.

_ Je vous demande pardon !!

_Votre libido est la cause de votre échec dans vos études séminaristes. Dieu l’a peut être modéré par l ablation de votre testicule pour votre bien.

_ J’ai failli vous trouver intéressant………….je n’ai jamais vu un prêtre fagoté comme vous, on vous croirait sorti du désert du Sinaï……il ne vous manque plus que le bâton pastoral………..

_ C’est plus facile à enfiler.

_ Ca ventile les couilles remarque…………..

La dame au fond se battait avec un tiroir de commode. L’antiquaire alla le lui ouvrir et revint.

_ Parlez moi de cette ville, demanda le prête.

_Trente trois mille habitants, zone pavillonnaire et zone logement social, vingt minutes de Paris, six kilomètres de l’aéroport Charles De Gaule, desservie par RER et autocar, ville prolétaire socialiste, majorité musulmane avec communautés turque, maghrébine, et africaine, désertion de la population française, chrétiens traumatisés, révoltés par cette sale affaire….

La vieille repartit. Le chat retourna sur le fauteuil

_ Où pourrais- je manger quelque chose ?

_ A cette heure ci dans un kebab, vous en trouverez un plus loin sur le boulevard.

_ Jusqu’à présent, sans compter le diacre, vous êtes la seule personne de cette ville à se montrer agréable avec moi.

_ C’est simplement commercial.

_ Comment vous appelez vous ?

_ Vous l’avez entendu tout à l’heure…………. Caphar.

_ Pas très approprié à votre profession.

_ Caphar « ph » non cafard « f » comme l’insecte.

_ En effet  ça change tout………..je vous remercie pour votre conversation….puis je revenir ?

_ Pourquoi non……

 

Antoine sirote son double Johnny Walker, à la terrasse du Royal. Il est neuf heures du matin. Il fait froid. Il sort un cigare et l’allume. Notre Dame est enveloppée de brume. Quelques touristes téméraires, traînassent sur son parvis. Paris s’éveille paresseusement. Quelques pigeons aux serres atrophiées, cherchent entre les tables désertes, quelques miettes à picorer. Tosé Artega arrive, et s’assoit devant lui.

-Salut Antoine.

Le garçon vient prendre sa commande.

-Un Côte Du Rhône, demande t-il.

- Putain Tosé, tu ne peux pas changer de fringues…..

-Pourquoi, il te plait pas mon costard.

- On dirait que tu as passé ta nuit dans une cuve à fermention de vin..

- Il me plait moi ce costume. C’est khalimar qui me l’a offert.

- Les godasses aussi ?

- Non je les ai acheté pour aller avec. Il veut quoi le vieux ?

- Que sais-je, il m’a téléphoné à 6 heures ce matin.

-Ca pue l’affaire pourrie.

 

Les deux hommes, se lèvent, et marchent vers le Quai Des Orfèvres, Antoine couvert d’un trois quart en cuir noir sur chemise chocolat au lait plus lait que chocolat en flanelle et col Mao, sur 501 pas trop délavé, et camarguaises bien patinées. Tosé, lui, est, du cou aux orteils, en lie de vin.

 

Antoine et Tosé entrent au 36 Quai Des Orfèvres ; traversent la grande salle comblées de bureaux derrière lesquelles les inspecteurs font leur rapports ou interrogent les suspects face à eux . Les deux hommes n’ont pas le droit à un simple salut ni même un regard. Antoine Riotonto n’est pas aimé de  ses collègues. Dans les cellules grillagées des gardes à vue, croupissent une dizaine de prostituées travesties ramassées dans la nuit au bois de Boulogne. Les mecs emplissent le lieu d’une odeur acide d’eau de Cologne bon marché éventée. Antoine et Tosé arrivent devant la porte du Vieux. Une femme sort du bureau de ce dernier.

  • Salut, Kiriam, regarde tu as une bossse à ta braguette, tu as oublié d’enlever ta ceinture god, dit Tosé.

La femme est grande, typée nord africaine . Ses épaules sont larges. Ses cheveux font une brosse au dessus d’un visage chevalin. Elle est en uniforme.

  • Tu en rêves hein connard, crache t-elle
  • Tu es de mauvais poil. Tu as les yeux cernés. Tu as sacrément brouté Shacha cette nuit, ajoute Antoine.
  • Et vous les deux marioles, vous vous êtes bien enculé ?
  • Une nuit avec moi et je fais de toi une chienne vaginale, répond Antoine .
  • Avec ta gueule ravagée comme un champs de bataille de Verdun tu veux faire ça ?
  • Comment est le Vieux ? Demande Antoine .
  • De mauvais poil, j’espère qu’il va vous filet une affaire bien pourav dans laquelle un taré vous flinguera dans vos couilles.
  • .bouge de là et n’embrasse pas Shacha pour nous, lâche Tosé.
  • Ca ne risque pas connard avec t on costard tu ressembles à une bouteille de Préfontaine …

Antoine frappe à la porte du Vieux.

-Entrez !!

Le vieux, derrière son bureau Napoléon retour d’Egypte, lis.

-Asseyez vous, crache t-il sans lever  les yeux du document

- Pas vous Artega, servez nous à boire, ajoute t-il.

Antoine prend place face à lui sur un des deux fauteuils Régence, alors que Tosé va à la bibliothèque Charles X où dort une bouteille de scotch et quelques verres.

Antoine regarde le vieux Capitaine plongé dans sa lecture, homme massif marqué par toutes les guerres. Homme de confiance de Charles Pasqua respecté par le monde politique mais surtout pas toutes les pègres françaises, parisiennes, marseillaises ou corses. Vieux survivant des régimes de droite, de gauche ou centristes. The Tiger, tel est-il surnommé. Antoine le respecte. Mais depuis quelque temps le vieux The Tiger s’assombrit. Son divorce l’aigrit. Sa fille lui manque. Son petit pavillon de banlieu qu’il dû vendre, son petit coin de paradis avec ses roses et ses fruitiers, lui manquent. Le vieux The Tiger va mal.

-Il n’y a pas de vin, dit Tosé.

The Tiger lève ses yeux du document et le regarde par-dessus ses lunettes.

-Pas grave Capitaine, dis timidement Tosé .

The Tiger replonge dans son texte. Artega tend un verre au trois quart plein à Antoine, pose un second sur le bureau de The Tiger, s’assoit avec le sien, en boit une gorgée, et grimace.  

-Vous n’avez pas de glaçons Capitaine, demande t-il.

The Tiger lève à nouveau sa grosse tête de staffordshire, et le concidère une nouvelle fois par-dessus ses lunettes.

-Des glaçons dans un Chivas 20 ans d’âge, crache t-il, vous êtes sur l’île De La Cité, en centre de Paris, la capitale du savoir vivre bordel de merde de pompe à cul, pas au fin fond de votre Ardèche à chèvres ! Comment arrivez vous à le supporté Riotonto !

-Je lui tire les cheveux quand il déconne Capitaine.

-Oui ! Parlons en de ses cheveux ! Vous allez me couper ça Artega ! Un peu de poudre de riz et rouge à lèvre et une ombrelle dans le cul, et on vous prend pour une geisha !

- J’ai mis 12 mois à les avoir comme ça Capitaine, pleure Tosé.

- Et votre costume ! D’où le sortez-vous ! On a envie de vous presser pour tirer de vous un verre de pinard !

-Un cadeau de Khalimar Capitaine..vous comprenez, larmoie Tosé.

Bon……passons à autre chose, lâche The Tiger en refermant son dossier et en envoyant au fond de sa gorge son verre de Chivas.

Le vieux tigre repose son verre, et retire ses lunettes. Son visage est sombre. Cet homme, qui, en quarante ans de carrière, a servi sous Giscard D’Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarcozy, et aujourd’hui Emmanuel Macron. Cet homme à qui le pays a confié les pires crises de sa république sur trois décennies, semble ébranlé.

-L’affaire est sale, tout est là Riotonto, laisse t’il choir en tendant le dossier à ce dernier, Artega, resservez nous un verre, ajoute t-il.

-Non , sans façon, répond Tosé.

The Tiger et Antoine regarde l’inspecteur avec sur le visage un mélange d’étonnement et d’agacement. Ce dernier se tasse sur son fauteuil puis s’excute.  Le vieux tigre extrait une boite de cigares cubains du tiroir de son bureau, l’ouvre, s’en fiche un en gueule, et tends l’objet à Antoine.

  • Ah je veux bien, lâche Tosé en levant son cul de son assise et en avançant la main vers les cigares.

The Tiger referme sèchement la boite sans laisser Artega se servir.  Antoine sort son Zippo, se lève, se penche sur le vieux, l’allume, se rassoit, et embrase son barreau.

      - Il est interdit de fumer en lieu publique, lâche sournoisement Tosé.

The Tiger reprend.

  • Comme vous le verrez dans le dossier, il y a trois pistes, terrorisme, vengeance de toute une communauté, crime satanique.
  • Teuf teuf teuf, fait Tosé.
  • Pour l’instant, reprends le vieux, les médiats n’ont pas été mis au courant, ils feraient passer cela pour un acte terroriste ce qui n’est pas une certitude. Il n’a pas été revendiqué.
  • Teuf teuf teuf, continue à tousser Artga, je vais attrapé le cancer…
  • Il faut vraiment découvrir de quoi il s’agit, continue The Tiger. Une nouvelle attaque terroriste ébranlerait le pays après Charli Ebdo, le Bataclan et Nice. Le gouvernement perdrait toute crédibilité et l’extrême droite monterai en flèche.
  • -Teuf teuf teuf, persiste Tosé en s’essuyant les yeux avec un mouchoir en papier.
  • Depuis la menace Daesh, nous avons des agents infiltrés dans tous les lieux sensibles. Nous en avons un dans cette ville, une femme, Sarah Crochefryk, une franco juive qui, après avoir fait trois ans dans l’armée israélienne, est revenue en France s’engager dans notre police. Cette femme vous informera de tout ce qu’il y a à savoir sur les communautés musulmanes de la ville.
  • - braouuuuuuuuuuuuuuuuuu !! Artega se mouche.
  • The Tiger, fait en quelques secondes un travail sur lui pour rester calme et continuer son exposé, et se relance.
  • - J’ai contacté le maire de cette commune. Il a pour ordre de vous fournir tout ce dont vous aurez besoin. Vous irez également voir un vieil antiquaire international expert vétéran de la guerre Golfe Persique devenu complètement taré après la perte d’une couille dans une bataille. Il était très ami avec la victime. Vous avez tout dans le dossier Riotonto. Cette enquête doit être conclue très rapidement. Nous ne pourrons pas garder le secret très bien longtemps.
  • -Trop jeune pour mourir d’un cancer, continue à marmonner Artega, teuf teuf teuf
  • C’est fini ! oui ! Explose le vieux, vous n’avez rien écouté Artega !!
  • -Si Capitaine, dit Tosé.
  • - Répétez moi donc ce que je viens d’exposer !!
  • Nous devons enquêter sur une affaire dégueulasse, soit terroriste, soit de vengeance, soit satanique, pour cela nous serons aidés du maire de la ville, de Sarah Crochefryk une franco-juive ancienne militaire israélite et d’un vétéran guerre Golfe Persique unicouilliste et antiquaire international expert et complètement flingué de la pastèque Capitaine.
  • Le vieux en reste bouche bée puis hurle.
  • -Au travail ! Foutez moi le camps ! De l’aire !

En traversant la salle du commissariat, les deux hommes sont attirés par des cris provenant d’un des vingt meubles de travail du lieux.

-Ce n’est pas moi ! Ce n’est pas moi !

Les cris sont proférés par une femme d’une quarantaine d’années hirsute et aux vêtements complètement chamboulés comme si elle sortait d’un lave linge. En face d’elle, l’inspecteur en charge de son affaire dit.

  • Ecoutez madame Laurence Pykcarte….nous venons de perquisitionner votre domicile après 5 plaintes des internautes tchateurs du salon 40+bis de chez Cocoland, que vous avez dépouillé, et nous y avons trouvé les deux sacs poubelle de 100l ici présents bourrés de cartes bancaires, alors je vous le demande, madame Laurence Pykcarte, d’où viennent ces cartes ?
  • Moi ! Voleuses de cartes bleues ! Mouahaahahah. Je suis infirmière moi monsieur !! Je me lève chaque matin sauver le monde ! Moi ! Monsieur !! Voleuse de cartes bleues moi……mouahahahaha

Laurence Pickarte finit par se calmer et s’assoir. A quelques pas une autre bizarrerie se passe. Un homme, de taille moyenne, gros et chauve, se tient assis face à son inspecteur, en pardessus, sur chaussettes jaunes canari et chaussures orthopédiques de couleur Bordeaux. L’homme tient dans une main levée, devant ses yeux, un livre, et lit.

  • Bien, dit l’inspecteur, que faisiez- vous nu sous votre imperméable, sur l’esplanade du Centre Pompidou ce matin à neuf heures ?

L’homme ne répond pas et continue sa lecture.

     -Ecoutez Monsieur Nicolas Lobservateur, ce genre de délit risque de vous coûter une belle contravention et quelques mois de prison ferme. Je vous conseille de vous expliquer.

L’homme baisse son livre et daigne regarder le fonctionnaire.

  • Monsieur l’inspecteur de police, sachez que je suis critique littéraire, et que vous me troublez dans mon travail. Sachez que l’ouvrage que je tiens ici dans ma main, est une œuvre du célèbre Cadillacgito. Oui monsieur, le créateur de la Gazouilli……vous connaissez j’imagine.
  • Je ne lis pas ce genre de chose.
  • Ah bon, pourquoi cela ? C’est pourtant écrit propre.
  • On s’y moque des honnêtes gens sans se soucier des conséquences psychlogiques engendrées. Moi-même y ait été traité de « braguette »
  • -De braguette..
  • -Bon revenons à notre affaire, abrège le fonctionnaire, d’un ton agacé.
  • Monsieur l’inspecteur, le succès de ce texte dépend de moi comprenez- vous. Ma critique en fait vendre 400 000 exemplaires en 15 jours, ou 4 en 5 ans. C’est très sérieux monsieur l’inspecteur
  • - Ca n’explique pas votre comportement. Que faisiez-vous nu sous votre imperméable sur la place centre Pompidou ce matin 9 heures.
  • Il n’est pas interdit de ce promener au centre Pompidou à 9 heures du matin me semble t-il.
  • Non bien sûr, mais en chaussettes et souliers orthopédiques sous un imperméable pose problème monsieur Nicolas Lobservateur. Expliquez moi.
  • - Et bien voila…il y a eu alerte au feu dans mon immeuble. Je n’ai eu que le temps d’enfilé mon imperméable. Une fois dehors j’ai joins l’utile au culturel en me rendant au centre Pompidou.
  • Vous avez eu aussi le temps de mettre un nez rouge au gland de votre pénis et un ruban fushia en forme de papillon autour de vos testicules.

L’homme ne répond pas. L’inspecteur continue.

   J’ai ici la déposition de deux touristes qui vous accusent d’avoir ouvert l’imperméable en les croisant. Avez-vous une explication ?

  • Ecoutez monsieur l’inspecteur, je souffre de Calorite Aigüe, sale maladie…. qui m’oblige à chaque crise à m’aérer…c’est tombé sur ces de deux femmes…simple coïncidence monsieur l’inspecteur…..
  • Et le nœud papillon et nez rouge?
  • Fantaisie mon l’inspecteur, fantaisie, un peu d’humour égaie la vie……n’est ce pas…

Le fonctionnaire fait signe à Kiriam de venir. Ce tte dernière s’exécute.

-Foutez moi ça en cage avec les travelots, je le reprendrai plus tard, là je fatique, ordonne- t-il en s’essuyant le front d’une feuille d’essuie tout.

 

La Mercedes 280 SE année 1973, intérieur cuir de chez Chesterfield, couleur antik blood, absorbe les vibrations de son poids, l’irrégularité des pavés de la cour du 36 Quai Des Orfèvres. Antoine remonte la Seine, puis, passant le Pont Neuf, se lance dans la traversée de Paris. Il est 11 heures du matin. Le ciel est de plomb. Il fait froid. Antoine, cigare en coin de gueule serré entre les canines, pense…….

  • Quel con ce vieux, même pas de vin, en Ardèche tous les mecs de son âge boivent du vin, lâche Tosé.
  • Tu compares ce fauve aux pecnots gardeurs de chèvre de ton bled. Tu es con ou quoi. Je me demande pourquoi il m’a foutu un mec comme toi dans les pattes, ajoute Antoine.
  • C’est simple, personne ne veut être ton coéquipier.
  • Ah bon ..pourquoi ?
  • Pas envie de le dire.

Antoine freine sèchement. Tosé s’envole et va percuter le parebrise de son front .

  • Je t’ai dit mille fois de mettre ta ceinture, fait Antoine.

Bien calé sur son confortable fauteuil, Tosé, attache précipitamment  les sangles de sécurité, puis regarde par la vitre latérale de véhicule en ce frottant la tronche.

-ils ont raison ..tes un sale con, marmonne -t-il.

-Tu m’insultes encore, et tu rougis ton costard de merde avec le coulis de tomate qui sortira de ton pif, menace Antoine.

Les collègues du commissariat avaient affranchi Tosé sur Antoine. Et il le connaissait désormais assez, pour le savoir imprévisible. Artega prend la menace au sérieux.

Porte de la Chapelle, Antoine s’engage dans la A1. Les trois voix sont pleines mais le transit est fluide. Antoine conduit. Antoine fume. Antoine pense…..quelle horreur l’attend dans cette putain de ville dortoir de la baniieu nord. The Tigrou n’a pas donné de détail, comme d’hab. Antoine voit dans son rétroviseur un motard arriver à grande vitesse  en se faufilant entre les voitures. Antoine se serre à la voiture sur la voix à sa droite et ralentit à 60 km heures. Le motocycliste derrière est obligé de le suivre. Antoine roule ainsi sur 5 bons kilomètres.

-Antoine ? Fait Tosé.

-Quoi ?

- Un mec derrière a lâché le guidon de sa bécane  et agite ses bras.

- Pas un mec mais une meuf.

Tosé se retourne sur son siège pour bien voir.

  • T’as raison il a des seins, lâche Tosé. Pourquoi tu ne la laisse pas passer ? Ajoute-t-il.

Marre de toutes ces morues qui ne pensent qu’à nous dépasser.

  • T’as raison Antoine, elles’ conduisent des camions, des bus, j’en ai même vu une grutière.
  • -Sans dec…
  • -Ouai grutière, elles se lance dans le poids lourd dans la maçonnerie, s’engagent dans l’armée de terre pour attaquer les mecs à la baïonnette. Elles nous piquent notre froc, nos couilles..
  • -Pour ça qu’il y a de plus en plus de ped.
  • Ben ouai…tu as envie de niker une camionneuse toi ?
  • Jamais de la vie…..
  • Ben voila…les mecs vont chercher la féminité quelles perdent chez les trav……Khalimar me la joue viril aussi des fois, continue Tosé.
  • -Ah ouai..tu fais quoi dans ces cas là ?
  • Je la traîne au lit et lui casse les pattes arrières..après ça elle me mange dans la main.
  • T’as raison, acquiesce Antoine.

La motarde profite des quelques secondes d’inattention de Riotonto, se faufile, dépasse la Mercedes, lâche le guidon, fait aux deux hommes un bras d’honneur à deux index, et ouvre les gaz tête entre les deux barres de direction.

-Toi-même ! toi-même ! Braillent de concert les deux fonctionnaires index de la main gauche levés dans le véhicule. Salope ! Salope !

Le ciel se dégage. La vieille allemande ronronne. Tosé cherche une station de radio sur le poste intégré. Soudain il lève la tête et crie.

  • La moto de la salope !!
  • Où ! Où !
  • -Là ! Là ! Sur le parking du Courte Paille !

Antoine prend la bretelle, s’engage dans l’aire de stationnement, et s’immobilise à côté de la 125 Honda, face au restaurant. Les deux hommes sortent de la Mercédes, et pénètrent dans le restaurant. 

Le décor est campagnard, des outils anciens de ferme accrochés aux murs, comptoir fait d’une poutre sur briques à trois tons, 3 grandes roues de charrette transformées en suspensions, saucissons et jambons, pendants au-dessus du bar, une cinquantaine de tables chaises en chêne doré. Il est 12h30. L’établissement est au 3 quart plein. Antoine repère la motarde. Elle est attablée dans la partie droite du restaurant. Elle n’est pas seul. Elle a devant elle un homme de type maghrébin. Elle a mis son Perfecto sur le dossier de chaise, et son casque ainsi que son sac à dos, au sol, aux pieds de son assisee. Elle porte un pansement au sommet du crâne.

Antoine et Tosé s’installent  à la table du couple. Le maghrébin se lève et dit.

-Cette table est prise vous le voyez bien, regardez il y en a beaucoup de libres.

- Tu vois les pattes de cochon ?  Fait Tosé en montrant du doigt les jambons en exposition au-dessus du comptoir, alors voilà, ou tu t’assoies en fermant ta gueule, ou je vais en décrocher un et te ravage la tronche avec.

L’homme est saisi. Son cerveau bug. Après quelques secondes de stupeur, la peur s’installe. Il se rassoit. La motarde en reste figée les yeux comme des soucoupes. Antoine enchaîne en sortant son insigne de policier.

-Commissaire Riotonto Antoine du 36 Quai Des Orfèvres, et devant moi l‘inspecteur Artega Tosé. Donnez-moi votre sac à dos madame, fat-il.

-Mon sac …

-Oui madame votre sac.

La femme se penche, s’empare de l’objet, et le tend à Antoine. Celui-ci s’en saaisit, l’ouvre et le vide sur la table. Il y a là un coffret de poudre de riz, un rouge à lèvre, quelques stylos, une carte d’identité, une autre de crédit, un permis de conduire, et 3 préservatifs minuscules dans lesquels un auriculaire peinerait à glisser .Antoine, tenant une des trois choses  pincée du pouce et de l’index,  regarde la motarde, puis le rebeu, et encore la motarde………

  • Non, non…monsieur le commissaire, ce n’est qu’un ami, bredouille-t-elle en piquant un far.
  • Inspecteur Artega, veuillez noter, ordonne Antoine en s’emparant de la carte d’identité.
  • Oui commissaire, répond Tosé en sorrtant de sa poche carnet et pointe Bic
  • Mais vous n’avez pas le droit, gémit la femme.
  • Ce qui est surtout interdit est d’insulter deux fonctionnaires de police en pleine autoroute et dans l’exercice de leur fonction, retorque Antoine,
  • Mais j’avais rendez-vous….vous rouliez à 60 km heure et ne me laissiez pas passer…….
  • Bon ! notez Inspecteur ! Madame Syphonne Blue, née à Nanterre en 1962, demeurant au 4 bis rue Des Kayak, Villeroy ;
  • C’est noté commissaire.
  • Bien, continue Antoine en s’adressant au rebeu, vos papiers.
  • Je n’ai rien fait moi, c’est du délit de sale gueule ça, gémit ce dernier.

Tosé lui montre à nouveau les jambons. L’homme sort de sa poche sa pièce d’identité et la tend à Antoine.

  • Asiz Tariik, né en Algérie, à Tizizouzou en 1961, demeurant au 5 rue Puthe, Barbes-Rochechouard. La carte de séjours de 10 ans expire dans 6 mois.
  • C’est noté commissaire.

Là-dessus, une serveuse en habit traditionnel d’une province française, arrive avec un grand plat oval en faïence plein de couscous, et le pose sur la table. Tosé se saisit de l’assiette et couverts et verres eau-vin, de Aziz, et les met devant lui. Antoine fait de même avec le service à Typhonne, puis dit.

  • Bon vous allez faire le service tous les deux. Vous Thyphonne, vous me servez, et vous Aziz vous servez l’inspecteur Artega.
  • Mais c’est notre plat, nous l’avons commandé, proteste Thyphonne , en plus on doit vous le servir, c’est de l’abus de pouvoir…
  • Inspecteur Artega, veuillez noter.
  • Oui commissaire, répond Tosé serviette attachée autour du coup
  • Envoyer deux agents demain matin à 5 heures au 4 bis rue des Kayak Villeroy.
  • Quel motif commissaire ?
  • Insultes sur deux fonctionnaires de police dans l’’exercice de leurs fonctions, notez encore, continue-t-il, faire un courrier à la préfecture de Paris pour l’aviser de la complicité à insulte sur agent de police dans l’’exercice de leurs fonctions, de monsieur Aziz Tariik dont la carte de séjour expire dans 6 mois…

le couple se lève, s’empare des couverts à service, et emplie les assiettes des deux fonctionnaires, semoule, merguez, brochette, poulet, boulettes de bœuf, légumes en sauce….un festin. La serveuse revient et pose sur table une bouteille de Sidi Brahim. Tosé fait tinter son verre de petits coups de couteau en regardant Aziz. Ce dernier se lève avec diligence, et lui verse du vin. Artéga prend son verre par le pied, le lève au dessus de ses yeux, en examine la couleur, puis y enfourne son pif et renifle fort le liquide, puis en boit un peu du bout des lèvres, puis fait un bruit de bouche , puis un petit sifflement avec ses lèvres en cul de coq, puis avale, repose son récipient, et le fait  à nouveau tinter. Aziz se précipite. Tosé vide le verre à pied d’un trait.

  • Allez au comptoir me chercher un double Johny Walker, Thyphonne.

Thiphonne obéit. Les deux fonctionnaires s’empiffrent. Le  couple regarde.

  • Dites-moi, Thyphonne, demande Antoine entre deux fourchettée, qu’est-il arrivé à votre tête ?
  • Percutée par un kayak.
  • Un kayak ?
  • OUI un kayak en Thaïlande.
  • Que faisiez-vous donc en Thaïlande ?

 

Les deux policiers dévorent le couscus. Le couple ls ressert au fur et à mesure que les assiettes se vident.

  • Du raisin Thyphonnee, du raisin, et allez me chercher un autre Johnny Walker

Thyphonne s’exécute en trottinant.

- Bon, continue  Antoine, en se goinfrant, que faisiez vous en Thaïlande ?

- En vacances, invitée par un ami de 20 ans, Lyves

- Lyves ?

- Oui, c’est un nom breton d’origine celte.

- Vous les aimez jeunes.

- Non ! nous nous connaissons depuis 20 ans..

- Et il fait quoi Lyvese n Asie ?

- Dans l’immobilier de luxe, il vit en Thaïlande mais vend des villas au Vietnam.

- Bizarre….

- Je peux avoir une petite boulette monsieur le commissaire, j’adore les boulettes, demande Thyphonne  en avançant sa main vers l’assiette à Antoine.

Celui-ci rapproche de lui le récipient, le protège du bras gauche, et continue à s’empiffrer.

  • Qu’avez-vous- fait en Thaïlande.
  • Du bateau avec Lyves, du cabotage, caboter veut dire naviguer près des côtes de port en port, même que Lyves m’a fait tenir la barre.
  • La barre, fait Tosé en en oubliant sa fourchette prête à être enfournée.
  • Oui la barre, elle est très dure à tenir la barre, vous savez ?
  • Ah bon………lâche Tosé en regardant Thyphonne, d’un regard plein de lubricité.

Plat terminé, bouteille de vin vidée, les deux fonctionnaires se lèvent.

  • Heu…..et l’addition ? Fait timidement Aziz.

Antoine et Tosé le reegardent. Artega sort son carnet. Aziz puise dans sa poche sa carte bleue. Les deux policiers retournent à la Mercedes.

 

Les deux hommes tracent. La Mercédes dévore le ruban noir devant elle. Les arbres en bord d’autoroute, sont nus, dressent leurs branches vers le ciel en une supplication muette. Antoine fume, cigare entre les dents. Tosé digère. Antoine bifurque direction Roissy Charles De Gaule. Tosé cherche sur le poste une station. L’appareil diffuse un rap.

  • Ecoute ça, des p’tits gars de chez moi, dit-il.

«  je suis ardéchois bip bop, j’aime les anchois bip bop très bon pour le foie bip bop je dis aux flics casse toi bip bop la tole ne me fait pas peur bip bop je suis rebel une terreur bip bop en Ardèche je m’emmerde bip bop je m’y sens comme une saperde bip bop cul ! bite ! chier !  bip bop…………

Un panneau indique la ville de destination. Antoine s’engage dans la route qui y mène. La Mercédes pénètre dans la commune très fleurie, traverse une zone pavillonnaire, un pont sur voies ferrées, arrive à la place de centre-ville, puis prend boulevard de droite. 50 mètres plus loin, se dresse l’église. Un rectangle en pierres de granit breton, couvert d’un toit en ardoises de deux pans. Antoine se gare devant le parvis. Les deux policiers s’extraient du véhicule, puis grimpent les quelques marches desservant la place de sortie de l’édifice. Deux militaires, mitraillette sur torse, garde la porte. Cette dernière est en ogive. Deux madriers en croix la surmontent. Antoine montre son insigne aux deux soldats. Ils s’écartent. Tosé pousse la lourde porte. Antoine pénètre. Tosé suit. Une odeur d’encens assaille les narines des deux hommes, qui, respectueusement se signent. Trois rangée de bancs lasurés hêtre, s’étirent devant eux. Les lieux sont éclairés par des vitraux à motif scènes religieuses de style naïf, ouverts dans les parois latérales. Au fond, l’équipe de la police scientifique, travaille. Les deux fonctionnaires avancent, regardant sur leur droite et leur gauche, les statues de Saints ensanglantées. Antoine et Tosé arrivent à l’autel tout aussi sanglant. . Derrière les deux grosses pierres taillées et assemblées en T, se dresse une croix. A la croix pend un homme.Il est nu.  Il est cloué aux poignets et aux pieds. Sa tête penche en avant. Son front est ceint d’une bande de cuir hérissée de clous. Les pointes métalliques pénètrent les chairs. Le sang sorti des plaies sillonne le visage tuméfié de l’homme. Son corps est flagellé. Une plaie s’ouvre sur le côté droit de la poitrine. Au pied de la croix, Antoine lève les yeux. Le visage de l’homme est serein. Ses yeux sont ouverts. Antoine y plonge son regard. Antoine reste figé, en immersion dans ce regard doux, presque vivant. Tosé le secoue.

-Antoine Antoine..

Antoine reprend ses esprits. Autour des deux hommes l’équipe s’affaire, recherche d’empreintes, d’ADN, du moindre indice. Un photographe crible les lieux. Le médecin légiste, vient aux deux policiers.

  • Lequel de vous est le commissaire Antoine Riotonto ? Demande-t-il.
  • -Moi, fait Antoine.
  • Nous avions ordre de ne rien déplacer avant votre arrivée. Nous devons enlever le corps. Signez moi ce document je vous prie.

Antoine signe.

  • Ce sont trois dés, là sur l’autel ? Demande-t-il.
  • Oui trois dés à jouer.
  • Où sont les vêtements ?
  • On ne les a pas retrouvé.

Antoine quitte les lieux suivi de Tosé. Les deux hommes remontent en voiture et démarrent. Au sortir de la ville, Antoine gare la Mercédes devant un PMU, sort, et pénètre dans l’établissement. Tosé reste dans l’automobile. Tosé sait. Chaque affaire ébranle Antoine. Il sait que les mots en deviennent inutiles. Antoine va au comptoir et commande un double Johnny Walker. Un grand écran montre une course. Dans la salle, des mecs attablés remplissent leurs tickets de tiercé, des turcs.

Antoine vide d’un trait son verre, et sort. Sur le trottoir il se fiche un cigare entre les dents, l’’allume, et reprend le volant direction Pais.Les deux fonctionnaires tracent sans échanger un mot. Antoine lâche Tosé Boulevard de Dunkerque, puis roule vers la place du tertre. Là, il stationne le véhicule au pied d’un petit immeuble, sous son appartement au premier, puis sort et marche dans la descente de la butte Montmartre en direction de la place Pigalle.

Antoine descend la butte Montmartre, s’arrête, pisse contre un mur, secoue, remballe, repart et arrive Place Pigalle. Il est 20 heures. La nuit est tombée. La faune nocturne prend peu à peu possession des lieux. Les filles de joies font sentinelle aux portes cochères. Les frustrés de la queue flânent de fille en fille. Les rabatteurs de boîte steap-tease harponnent le pigeon sur trottoir. Les voitures coulent en un long reptile lubrique. Les enseignes des cafés et des cabarets font des pénombres une fête muette et multicolore. Antoine quitte la place et marche sur le boulevard Clichy. Quelques pas plus loin, il s’arrête. Trois bus allemands, stationnés, déverse leurs passagers devant le Moulin Rouge. Antoine entre dans un bar, survivant des années 60, quelques guéridons ronds pied en fonte avec une dizaine de chaises en rotin dehors contre vitrine, comptoir en zingue porté par un châssis recouvert de plaques en formica rouges et jaunes en alternance, pompe à bière en cuivre, verrerie et bouteilles sur étagères en laiton fixé à un grand miroir lui-même scellé au mur, banquettes en simili cuir marron collées aux parois de la salle, avec devant,  une quinzaine de tables rectangulaires de même style que les guéridons, avec leurs chaises Thonet, éclairage art déco en pâte de verre. Accoudés au comptoir, un homme d’âge moyen, dans un costume gris défraichi, soliloque devant un ballon de rouge. Près de lui, un jeune nord-africaine, sirote un demi avec, à côté du la bière blonde, une grande porte dessin en carton rigide. Antoine prend place entre les deux. En salle, la moitié des tables sont occupées par des couples. Dans un coin, devant le perroquet teinté brou de noix, une femme chante Edith Piaf.  

Antoine commande un double Johnny Walker. Le garçon de comptoir en chemise blanche, cravate et gilet noir, repose le récipient qu’il essuyait et le sert.

  • Bonsoir commissaire, fait-il en posant l’alcool devant le fonctionnaire.

Antoine ne répond pas. Le larbin retourne à son torchon. Le quarantenaire se parle à lui-même sur sa droite. Le maghrébin boit plongé dans ses pensées, sur sa gauche. En salle, la femme chante et Les couples murmurent. Les grands yeux noirs du crucifié observent plein de tendresse. Antoine boit son scotch d’un trait et recommande. La femme chante en capella.

« Allez venez Milord….. »

 Le jeune beurre soudain s’agite, s’empare du porte document et le jette en salle. L’objet s’ouvre dans son vol. Le contenu se répend sur la mosaïque bleue délavé du sol, des dessins grand format…….. Antoine quitte le zingue, se penche, ramasse une feuille, la regarde… un personnage futuriste colorié digne du film Dune de Denis Villeneuve ou Stars War de George Lucas. Les autres sont aussi beaux et originaux. Antoine les ramasse et pose le grand classeur sur le comptoir près de l’artiste, et reprend son verre.

« vous assoir à ma table….. »

Dehors tombe un crachin. L’homme en costume gris marmonne.

  • De la merde, lâche le jeune.

Antoine vide son verre et recommande. La victime n’avait pas plus de 25 ans..

« Il fait si froid dehors »

  • Personne n’en veut, poursuit l’arabe.
  • Tu as du talent, finit par répondre Antoine, combien t’on jeté ?
  • - Un seul, c’est une commande.
  • Un tocard te refuse et tu jettes ton travail sur le carrelage d’un bistrot pourri…….
  • Travail de merde.
  • Tu te décourage à ton âge….va sauter dans la Seine..
  • Qu’en sais-tu toi du talent ou pas, qui es-tu ? Fait l’artiste d’un ton agressif.
  • Un mec qui peut t’allonger d’un seul coup de poing.

Les cheveux longs couleur jais du mort, tombaient de chaque côté du visage et cachaient la naissance de ses épaules.

Le beurre s’en va.

« allez riez Milord, allez chantez Milord »

La femme fait la quête de table en table, et arrive à Antoine. Ce dernier mets un billet de 50 euros dans son chapeau. La femme approchet les lèvres de son oreille.

  • Un autre comme ça et je te suce comme une reine dans les chiottes mon seigneur.

Elle est petite avec des heures de vol au compteur.  Elle n’a gardé de ses heures de gloire, que la blondeur de ses cheveux. Antoine la suit, ferme la porte des wc, et s’y adosse. La chanteuse s’agenouille, lui baisse le pantalon, le caleçon, s’empare de son sexe, l’agite un peu, le met en bouche et active sa tête d’avant en arrière en lui caressant les bourses. Antoine agrippe ses cheveux, active le mouvement, lui pince le nez, appuie sur la nuque pour aller le plus loin possible, se lâche, puis se retire. La femme en tombe sur les chevilles. Ses yeux larmoient. De sa bouche sort en coulant sur le menton, un mélange de glaires et de semence.

  • Salaud, réussit-elle à prononcer, reprends ton fric je n’en veux pas…

Antoine s’essuie d’une feuille du rouleau au-dessus du lavabo,  sort des toilettes, paie ses consommations, et reprend sa descente aux enfer. Le regard du mort, toujours là, s’humidifie. Du ciel noir tombe une pluie fine et froide. Antoine lève le col de son 3 quart. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

suite  au prochain épisode.............

 

 

 

 

Suite au prochain épisode…..

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires

  • Ce texte est une tentative confuse et laborieuse de narration, mais il est malheureusement jonché de problèmes et de défauts qui rendent sa lecture difficile et peu gratifiante. Tout d'abord, le récit souffre d'une sérieuse incohérence stylistique et d'un manque flagrant de clarté dans le développement des personnages et des événements. Les descriptions sont exagérées et souvent dénuées de sens, ce qui entraîne une impression de confusion plutôt que de profondeur.

    La syntaxe est souvent bancale, avec des phrases mal construites et des transitions abruptes qui rendent le texte difficile à suivre. Les répétitions fréquentes et les digressions inutiles contribuent à alourdir davantage un récit déjà laborieux. De plus, le langage utilisé est souvent vulgaire et peu raffiné, ce qui nuit à toute tentative de créer une atmosphère ou un ton cohérent.

    Les personnages manquent de profondeur et de crédibilité, et leurs interactions semblent artificielles et dépourvues de toute véritable émotion. Les dialogues sont particulièrement faibles, avec des échanges stériles et peu convaincants qui ne parviennent pas à donner vie aux personnages ou à faire avancer l'intrigue.

    Enfin, le récit souffre d'un manque évident de direction et de structure, ce qui donne l'impression d'une série de scènes décousues et déconnectées les unes des autres. Il est difficile de discerner un véritable thème ou une intention derrière ce texte, ce qui rend son ensemble confus et insatisfaisant pour le lecteur.

    En résumé, ce texte est une tentative maladroite de narration, plombée par des problèmes structurels, stylistiques et narratifs. Il manque de clarté, de cohérence et d'engagement émotionnel, ce qui le rend difficile à apprécier ou à recommander.
    Bref vaut mieux t'abstenir pauvre caphar

  • bonjour l'usurpateur,

    Tu écris très bien , cela prouve que tu es très bon en écriture, tu aurais pus être un bon critique si tu aurait été quelqu'un d'objectif
    Ce qu'il fait qu'un livre est bon, c'est le nombre de personnes qui le lise et il y a beaucoup de personnes qui aime le lire et puis surtout Caphar n'écrit pas pour se faire éditer mais juste par plaisir comme il aime les raconter ses histoires sur le tchat.
    Tu as écris ton commentaire alors qu'il n'avait même pas encore écrit une page, ce qui me fait penser que ton commentaire tu l'a écrits soit par haine soit par jalousie, si c'est le cas, tu t'es salis en écrivant ce commentaire, vu que tu as signer ton commentaire en prenant le pseudo d'un autre que toi, c'est que tu n'as même pas le courage de tes opinions.
    Si je me trompe prouve moi le en me donnant soit un titre d'un livre que tu a écris ou un lien ou je pourrais te lire
    Paulo
    PS: pas la peine de me répondre pour me dire que j'écris mal et que c'est bourré de fautes, je ne suis pas resté longtemps a l'école, a 15 ans j'étais déjà au boulot en tant que prè_apprenti :)

  • Salut camarade on m'a donné le lien de ton nouveau roman l'autre jour, c'est top continues je le lis avec assiduité c'est excellent, bon y'a quelques fautes mais c'est pas important le principal c'est que tu prennes du plaisir a l'écrire tu dois bien te marrer mais n'abuses pas du JW lol faudrait pas que tu sois comme Bebel dans le Magnifique lol ... The show must go on

  • Un pure torchon!

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