suite 12
Chers lecteurs,
Nous arrivons au bout de notre aventure.
Merci de m'avoir lu.
La Mercédes glisse sur le Quai De La Rapée. Le bâtiment en briques ocre clair de l’institut-médico-légal, est toujours là, massif, trapu, repu. Monstre vorace de cadavres depuis le 19ième siècle. Il ne prend pas une ride. Comme si la vie des corps qu’il dévore le rajeunissait. Antoine et Tosé traversent le jardin, et pénètrent dans ses entrailles.
La salle est sans fenêtre et carrelée blanc cassé. Les murs sont en béton brossé. Une table d’autopsie, pose en son centre. Le corps du prêtre y git, recouvert d’un drap blanc jusqu’aux épaules. Une femme est assise sur une chaise d’école à son chevet. Antoine et Tosé vont à elle.
- Bonjour madame Intimitas, salue Antoine.
La femme lève sur lui les yeux, et se dresse. Antoine lui tend la main.
- Je suis le commissaire Antoine Riotonto, et voici l’inspecteur Tosé Artéga. Nous nous sommes occupé du meurtre d’Angello.
Au prénom de son fils la femme sourit et serre la main des policiers. D’assez grande taille, la soixantaine bien tassée, les cheveux longs et grisonnants, les yeux noirs, la bouche bien dessinée, la peau mate, elle reste séduisante.
- Pouvons-nous aller dehors madame Intimitas.
- Pourquoi faire ?
- Parler.
- Il est mort les assassins sont morts, qu’y at-il d’autre à dire commissaire.
- Nous avons pensé que vous aimeriez connaître les circonstances de ce drame.
- Je vous suis.
Ils s’assoient sur un banc du jardin de l’institut. Le soleil brille timidement, toujours. Il est 14 heures. Antoine résume son enquête. La femme reste muette. Elle écoute. Elle ne pleure pas.
- Angello avait-il le don de guérison, madame Intimitas ?
- Depuis ses 10 ans, oui, il guérissait les animaux des voisins.
- Le Vatican l’a pris en charge pour cela n’est-ce pas ?
- Je pense, Angello s’est toujours intéressé à Dieu. Il a été enfant de cœur. Le prête de Bayonne l’aimait beaucoup. Il m’a persuadé de le laisser partir étudier à Rome.
- Qui est son père madame Intimitas ?
- Je ne sais pas. J’étais plumassière. Je suis allé au Crazy-Horse- Saloon livrer des costumes de scène. Il était là. Il était beau. Il m’a fait rire. J’étais jeune, seule à Paris. Nous avons passé la nuit ensemble dans un hôtel. Nous nous sommes quittés au petit matin, sans même nous dire nos noms. J’ai appris être enceinte 2 mois plus tard. Je suis retourné au cabaret. Il était ami avec une danseuse. Cette dernière était partie aux Etats-Unis. Personne d’autre ne le connaissait.
- L’église n’a pas envoyé Angello à XXX. Il a demandé à y aller. Savez- vous pourquoi ?
- Pour retrouver son père.
- Comment cela ? Vous-même n’avez pas réussi.
- J’ai eu une petite information au Crazy-Horse. Cet homme avait perdu un testicule à la guerre Golfe Persique. Angello me harcelait de questions. J’ai fini par le lui dire. Ca lui a suffi. J’ai retrouvé la réponse à sa demande au ministère des armées, ce matin, chez lui, dans ses affaires. Son père est Antiquaire International Expert à XXX.
Antoine et Tosé, se regardent.
- Vous êtes allé à XXX ce matin, à votre descente d’avion. Pourquoi n’être pas allé voir cet homme ?
- Pour lui dire que j’avais eu un enfant de lui il y a 25 ans, et que cet enfant vient d’être crucifié ?
Antoine et Tosé arrivent à 16h30 à Au Capharnaum. L’antiquaire est l’autre bout de la cour à vendre une statue. Dès qu’il voit les deux policiers, il plante son client et marche sur eux à grands pas.
- Je vais vous cassez la gueule commissaire Antoine Riotonto de ma couille !! Si vous êtes flic moi je suis héros de guerre !! Gradé de l’armée française !Vous osez revenir ! Vocifère-t-il tout en avançant.
- La mère du prêtre s’appelle Enigmatku Intimitas ! hurle Antoine.
- Rien à foutre ! Je vous pète la gueule !!
- Vous l’avez rencontré il y a vingt- cinq ans au Crazi-Horse elle était plumassière !! Continue à brailler Antoine.
Les mots stoppent net l’antiquaire. Comme une balle en plein cœur. L’homme se fige à deux pas du commissaire. Bras levé. Poing fermé. Puis il blêmit. Puis laisse retomber son bras. Puis vacille. Tosé est d’un bond est sur lui, le ceinture, et l’empêche de s’effondrer. Antoine va chercher une chaise. L’antiquaire y pose son cul. Tosé court lui remplir un verre au bureau. L’antiquaire le boit d’un trait. Caphar reprend ses esprits.
Madame Intimitas est toujours sur le banc. Il est 17h30. Le soleil arrive en fin de course. Tosé ouvre la portière arrière. L’antiquaire descend. La femme se met debout. Ils se voient. Ils se reconnaissent. Ils marchent l’un vers l’autre, lentement, presse le pas et tombent dans les bras de l’un et l’autre. Ils restent longtemps serrés l’un contre l’autre. Puis, toujours enlacer, disparaissent dans la bouche de l’’ogre……. pleurer leur enfant.
Antoine boit un triple Johnny Walker au comptoir de la brasserie d’en bas de chez lui. Il est 19 heures. Antoine compose un numéro sur son portable.
- Antoine ?
- Viens.
- Où es-tu ?
- Au Cézanne, Place Du Tertre.
- J’arrive.
Antoine reconnait Fleur à son odeur. Elle est près de lui, au bar.
- Tu veux quelque chose ? Lui demande-t-il sans même la regarder.
- Oui un chocolat, il fait froid.
Antoine termine son verre et Fleur sa tasse. Antoine s’arrache du comptoir.
- Où va-t-on Antoine ?
- Chez moi.
- C’est où chez toi ?
Antoine pointe du doigt le plafond de la brasserie.
- Là.
Fleur parcourt du regard l’appartement, repère la douche, s’y dévêtit, et s’y agenouille. Mais Antoine ne l’y rejoint pas. Antoine se glisse, nu, sous les couvertures. Fleur le rejoint, s’allonge à ses côtés, et se saisit de son sexe. Antoine enlève la main douce qui emprisonne son pénis.
- Tu ne veux pas ?
- Non.
- Tu veux quoi ?
- Ne pas être seul.
Antoine se tourne vers elle, et prend une position de fœtus. Elle se met également sur le flanc. Ils se regardent dans les yeux. Les traits d’Antoine s’adoucissent, redeviennent ceux d’un enfant.
- Que se passe-t-il Antoine ?
- Ils ont tué un Saint.
Fleur ne pose pas de question. Elle sait qu’il n’y répondrait pas. Elle aime cet homme sans savoir pourquoi. Elle le sait violent, et cruel. Il ne lui a jamais parlé de Mario. Mais elle sait. L’aime-t-elle pour ça ? Non. Elle l’aime peut-être parce qu’il ne la juge pas…….
- Partons d’ici Antoine. Tu m’as parlé de ce village à la frontière ispano-portugaise où ton père t’emmenait en vacances. Le paysage y ressemble au Mexique. Nous pourrions y monter un ranch, vendre les randonnées…ou alors partons en Provence. Je viens d’hériter de la maison familiale. Elle est grande, au sommet d’une colline, avec un grand escalier pour y grimper. La vue est magnifique. Nous pourrions l’aménager en chambres d’hôte……..
- Demain nous partons pour Rio.
- Rio ?
- Oui….tu veux ?
- Au bout du monde j’irai avec toi….Antoine…je t’aime…….
Mais Antoine n’entend plus. Antoine sombre dans un sommeil peuplé de rêves récurrents….
Commentaires
Dommage que ça soit la fin . Merci pour ces bons moments.
Si le prix Goncourt a déjà été attribué , on peut parier pour le prix du best seller de Coco. Vivement la suite des aventures d'Antoine à rio , ville reconnue pour être à la pointe de la chirurgie esthétique . Le commissaire Richard Gere prendra t il son poste au Quai des orfèvres?....
J'ai vu , j'ai lu, et j'ai bien rigolu...
Vivement un autre épisode ;)
Encore merci à toi!!!! J'espère un autre écrit, tu es divinement doué, Bravo
Salut l'ami... si tu recherches les anciens habitués de coco ils sont sur le salon célibataires de ce tchat:
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