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suite 7

Attention,

Ce récit est fictif avec des personnages fictifs.

Il comporte des scènes de violence, drogue, alcool, sexe

Il est strictement interdit aux mineurs.

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Les deux policiers sortent de la mairie et entrent dans la Mercédes garée juste en face. Avant de tourner la clé de contact, Antoine compose un numéro sur son portable. Il est 16h30.

  • Commmissaire Riotonto, que puis-je pour vous ? Répond le commissaire Clovis Salestring.
  • Il y a 3 mois environ, vous êtes intervenu dans une rixes au PMU de XXX, et avez arrêtez un homme.
  • Oui je m’en souviens.
  • Les interventions de ce genre doivent être légion dans cette région comment ce- fait-il que vous vous souveniez de celle-là ?
  • L’affaire m’a paru étrange.
  • Expliquez-vous.
  • L’individu est arrivé au commissariat avec la chemise complètement déchirée dans la bagarre et l’a ôté dans la cellule de dégrisement. Son torse et ses bras étaient couverts de tatouages à symboles ésotériques. Ce qui m’a surpris le plus est qu’une avocate de St Malo, exigeait à 8 heures du matin, sa libération immédiate. Une bonne femme grande, sèche, avec des yeux cruels, des canines proéminentes, des cheveux filasse et toute vêtue en noir. Elle avait roulé toute la nuit pour être là aux aurores. Le plus surprenant est que l’homme complètement saoul, n’a passé aucun coup de téléphone, ni au café, ni ici au commissariat. Alors qui l’a prévenu ? Pourquoi faire autant de route de nuit, pour une vulgaire bagarre d’ivrogne en lieu public ? Pourquoi une avocate bretonne ?
  • Comment s’appelle cette avocate ?
  • Martine Bathmobile.
  • Je veux un rapport sur elle.
  • C’est fait commissaire, cette affaire m’a vraiment troublé et je me suis informé sur cette femme.
  • Expliquez-vous.
  • Elle a 55 ans, célibataire, née à St Malo, sans enfants, assez connue en Bretagne pour défendre dans les affaires scabreuses religio-judicières.
  • Religio-judicaire ?
  • Des procès glauques, sacrifices, meurtres rituels. A l’époque, elle défendait la famille d’un homme tué par un voisin qui l’accusait d’avoir fait mourir son cheptel de vaches par sorcellerie. Elle est elle-même membre très actif d’une sorte de secte ou confrérie celto-druide.
  • Que font ces gens-là ?
  • Ils vont dans la nature faire des rituels.
  • Des rituels ?
  • Oui, par exemple se masturber en groupe autour d’un arbre et éjaculer de concert sur son tronc. Ca honore soit disant le dieu des arbres qui apportera sa protection à chacun des branleurs bucoliques, des trucs comme ça. Une sorte de culte inspiré du druidisme, des vieilles traditions celtes tout ça mâté de sorcellerie.

Antoine marque un silence de réflexion puis reprend.

  • Vous allez téléphoner sur le champ à Madame La juge Christine Crystapine du tribunal de Pontoise, pour qu’elle vous faxe dans la soirée un mandat de perquisition chez cet individu.
  • Pour quel motif ?
  • Raison d’état. Dites-lui que c’est à la demande du commissaire Antoine Riotonto du 36 quai Des Orfèvres. Cette intervention sera faite par vos soins demain à 5 heures du matin. Si vous trouvez sur place le moindre indice sur le meurtre de ce prêtre, vous le coffrez. Quoi qu’il en soit vous photographiez toute la maison de la cave au grenier.
  • Bien commissaire.
  • Ce n’ai pas fini, vous allez placer un camion de surveillance 24/24 devant le pavillon 6 rue Des Tilleuls à XXX. Je veux demain le nom du propriétaire et son pedigree complet.
  • Bien commissaire.
  • Comment va Daadgita ?
  • Un peu fatiguée. Merci de vous en inquiéter. La réputation que l’on vous fait n’ait vraiment pas justifiée commissaire. Je commence à vous apprécier. Vous dégagez une telle force………et si vous me permettez….quel bel homme vous êtes…….
  • Lequel de vous deux fait le mâle dans votre couple ?

Clovis Salesting garde silence. Antoine enchaîne.

  • Je suis sûr que c’est vous. Vous êtes homme d’action, intrépide, fonceur, défonceur de portes fermées. Je l’ai ressenti de suite. Mais contrôlez votre énergie commissaire. Doodgita risque de finir avec une greffe de trou de cul de porc transgénique.
  • Vous êtes bien ce que l’on dit commissaire, en fin de compte.
  • C’est-à-dire ?
  • Un sale con…….quand vous aurez terminé votre enquête, et vous la conclurez comme d’habitude, avec vos méthode KGBéennes, pour ne pas dire nazis, je vous invite à me rejoindre sans plaque ni pistolet dans un endroit isolé. Je suis ancien rugbyman, je sais prendre les coups et les donner, et suis en mesure de vous corriger tout pédé que je sois.
  • Ais-je le choix des armes ?
  • Choisissez donc.
  • Je choisis alors la boxe anglaise avec les coups portés au- dessus de la ceinture. Je ne veux pas vous abimer une couille. Daadgita ne me le pardonnerait pas.
  • Clovis Salstring raccroche. Antoine sort, se plante en bouche un cigare, et observe. Tosé, dans la voiture agite ses pouces sur son portable. Il est 17h30, la nuit commence à montrer son nez. Le temps est maussade. La mairie ferme crachant son personnel. Sur le boulevard, en face, les gens, rentrent de leur travail en trottinant rapidement la tête engoncée dans leurs épaules, vers la chaleur de leur foyer.
  • Antoine reprend place derrière le volant, et compose un nouveau numéro sur son appareil. Sarah Crochefryck répond.
  • Bonsoir mademoiselle Sarah Crochefryck, je suis le commissaire Antoine Riotonto.
  • Enchanté, le Quai Des Orfèvres m’a prévenu que vous me contacteriez.
  • J’ai besoin de vous parler. Je vais faire du raffut dans cette ville. On va vite savoir qui je suis. Ce rencontrer à la médiathèque mettrait à mal votre couverture. Pouvons-nous nous rencontrer ailleurs ?
  • Où et quand vous voulez.
  • Joignons l’utile à l’agréable. Dînons ensemble.
  • Je suis juive je mange Casher.
  • Choisissez le restaurant.
  • En ce cas « Au Pascher » 3 rue des Rosiers Au Marais.
  • - j’y serai à 20 h.

 

Antoine s’arrache. Il est 18h. La nuit s’affirme. Antoine allume ses phares. Le ciel est dégagé. La pleine lune est au rendez-vous Les étoiles apparaissent, une à une. La Mercédes grésille. La A1 s’offre direction Paris, bouchonne en sens inverse. Paris se purge de sa masse active. Porte De La Chapelle, les vendeurs de cigarette de contrebande traînassent sur les trottoirs, en brandissant sous le nez des sortis de bureau, les cartouches de Marlboro. Les réfugiés s’entassent en groupe parler ensembles de l’endroit où ils iront passer la nuit. Le froid protège les terrasses de tout intrus, le chassant vers la chaleur des entrailles du débit de boisson. Antoine s’immobilise à un feu tricolore. Un homme, ou un femme, on ne sait plus..encapuchonné, vaporise un liquide sur son pare-brise,  y passe une raclette, puis tend la main à la vitre latérale côté Tosé. Ce dernier lui passe un billet de 5 euros. Antoine roule vers le boulevard de Dunkerque.

  • Je prends une douche et vous rejoins en métro, lâche Tosé.
  • Non, répond Antoine, je fais ce travail seul.

Tosé le regarde, puis s’empare du dossier remis par The Tiger et posé sur la banquette arrière, l’ouvre, y cherche la fiche Sarah Crochefryck, et examine longuement la photographie qui y est agrafée.

  • Je comprends, finit-il par faire.

Antoine arrache en un geste agacé le dossier de ses mains, et le jette à l’arrière du véhicule, puis il immobilise la voiture. Ils sont en face de la Gare Du Nord.

  • Eclate toi bien la bite Antoine. T’inquiète je me ferai bien chier devant ma télé, crache amère l’inspecteur.

Antoine ne répond pas regard fixé devant lui, dents serrées sur son barreau. Tosé ouvre la portière, sort de la berline couleur chocolat, en claque nerveusement l’ouverture, et disparait dans la foule vomie par la gare et éclairée des réverbères à lumière crue. Antoine continue vers la Butte Montmarte, se gare sous son logement Place Du Tertre, y monte, y prend une douche brûlante, s’y rase, s’y désinfecte le facies à l’après rasage « Sauvage », y change de vêtements, et repart à son automobile sans son holster. Il est 19h30.

 

La façade du « Au Pas Cher » ne paie pas de mine. La rue Des Rosiers est très fréquentée. Le regard de Antoine est capturé pas les quelques juifs orthodoxes avec leurs papillotes sous un chapeau noir et engoncés dans un costume tout aussi sombre. Antoine entre. Le local offre une belle odeur de cuisine, une dizaine de tables toutes occupées sauf une, et un petit comptoir. Sarah Crochefryck est derrière. Ses cheveux rouges légèrement frisés tombent sur ses épaules en une cascade flamboyante. Antoine se présente en lui tendant la main par-dessus le bar.

  • Enchantée commissaire Riotonto, vous devez être étonné de me voir où je suis. Ce restaurant est à mon frère Salomon. Il le tient avec sa femme, l’informe-t-elle. J’ai gardé notre table, là-bas, installez- vous j’arrive tout de suite, dit-elle.

Les deux places réservées sont au fond du restaurant, contre un mur, un peu à l’écart des autres. Antoine s’assoie. Sarah le rejoint. Elle porte une robe à col rond en lin cru boutonnée sur le devant, serrée à la taille par une ceinture assortie, qui lui couvre les jambes jusqu’au-dessus du genou. Le vêtement est conçu pour dissimuler les formes sans y parvenir. Les seins, les hanches sont là, réduisant à néant la fonction de l'habit. Antoine regarde les grands yeux émeraude, les lèvres épaisses et roses, la peau laiteuse avec ses constellations de tâches de son, l’ensemble sous l’incendie de ses cheveux.  

  • Connaissez- vous la cuisine juive commissaire ? Demande-t-elle.
  • non.
  • Laissez-moi alors vous guider dans nos saveurs ancestrales. Que buvez -vous ?
  • Du Johnny Walker.
  • Au repas ?
  • Oui. 
  • Cette marque ne fait pas en casher. Nous avons du J&B ;
  • Ca ira.

Sarah se lève, disparait en cuisine, puis revient prendre place devant Antoine.

  • Bien, commissaire, vous vouliez me parler, m’’avez-vous-dit.
  • Vous connaissez l’affaire sur laquelle je travaille ?
  • Le Quai Des Orfèvres me l’a détaillé oui.

Un grand brun à peau sombre pose sur la table un double J&B.

  • Je vous présente mon frère Salomon, fait Sarah.

Antoine de lève et tend la main au restaurateur, qui après l’avoir serrée accompagné d’une formule de politesse, court à l’appel d’un client. Antoine se rassoie, porte aux lèvres son verre, en boit la moitié, et le repose.

  • Vous êtes en place dans cette cité depuis quatre ans. Vous parlez parfaitement l’arabe. En couverture vous êtes une beurette algérienne kabyle, à laquelle la mairie a confié le poste de bibliothécaire. Vous avez suivi sur place cette affaire de pédophilie. Vous avez la confiance des musulmans d’origine nord-africaine. Avez-vous entendu la moindre chose qui laisserait à penser que ce meurtre est un attentat de guerre sainte ? Fait Antoine.
  • Non, répond Sarah sans hésiter, de plus des soldats intégristes n’aurait pas pris autant de précautions. Ils auraient laissé des indices, empruntes, adn……et il n’a pas été revendiqué. Je n’y crois pas une seconde, conclue-t-elle.

Salomon sert deux soupes et une bouteille d’eau minérale. Antoine regarde son assiette, y baignent, dans un jus jaune pâle, trois boules blanchâtres, une carotte, et une feuille verte. Une odeur de poulet s’en dégage.

  • C’est un recette juive polonaise, une soupe de poulet avec kneidler. Nous sommes des juifs ahskénases. Ma famille vient de Pologne. Goûtez, allez-y.

Antoine porte une cuillèrée en bouche, savoure, et sourit à Sarah qui lui rend son sourire.

  • Que pensez -vous du mobil vengeance, des familles dont les enfants ont été violés, ou de toute la communauté turque de XXX ?
  • Là c’est un autre problème. Ces gens -là vivent entre eux. Ils sont très fermés. Ils ont leurs mosquées, leurs commerces…très difficile de savoir. Votre affaire doit-être très vite conclue d’après ce que je sais. Enquêter dans ce milieu demanderait des mois sans garantie de résultat. Un seul homme peut vous aider.

Antoine repose sa cuillère, vide son verre d’un trait et attend l’information.

 

  • Aylan Pathatgul, laisse tomber Sarah.

Salomon soustrait les assiettes vides et les remplace de deux autres emplies d’une sorte de ragoût de pommes de terre, pois chiche, haricots blancs, morceaux de viande blanche, l’ensemble nageant dans un bouillon rouille. Antoine se penche sur son récipient fumant.

  • Du Tafina, un plat juif séfarade l’informe Sarah.
  • Aylan Pathatgul……ce loup des montagnes Ararat, fait pensivement Antoine.
  • Vous le connaissez donc.
  • Oui, vieille histoire trop longue à expliquer. En quoi pourrait-il m’aider ?

Salomon apporte au commissaire un second double J&B. Antoine se saisit du verre et en boit la moitié. L’alcool se diffuse dans son corps et stimule son esprit.

  • Je ne crois pas à une vengeance de la communauté turque de XXX. Si vengeance il y a, elle vient des parents des enfants violentés. Le viol chez eux, surtout d’un garçon, reste un secret de famille. Seul un Aylan Pathatgul pourrait obtenir leurs aveux, si vous savez le motiver, et ça c’est une autre histoire, fait Sarah.

Antoine goûte son plat. Sarah attend le verdict. Antoine acquiesce du chef.

  • Me permettez-vous un coup de fil ? Demande le commissaire.
  • Je vous en prie.

Antoine sort son portable et compose un numéro. Clovis Salestring répond.

  • Commissaire Riotonto, je vous écoute.
  • Envoyez immédiatement une voiture chez Aylan Pathatgul, impasse Du Cerf à Lamorlaye, avec un avis de passage demain matin 9h du commissaire Antoine Riotonto.
  • Vous avez vu l’heure qu’il est commissaire, répond Salestring.

Antoine raccroche sans rien ajouter.

  • Vous allez vraiment aller seul dans l’antre de cette hyène, commissaire.

Antoine ne répond pas et attaque sérieusement son Tafina.

  • Vous avez bien connu ce prêtre est-il écrit dans mon dossier d’enquête. Fait-il après quelques cuillèrées.
  • Connu s’est beaucoup dire.
  • Parlez-moi de cet homme.

Sarah plonge en elle-même quelques instants, puis se lance.

  • Un personnage étrange. Il venait souvent à la médiathèque. Il choisissait un livre et le lisait sur place. Son entrée était toujours impressionnante. Il était grand, mince mais bien charpenté. Il portait une soutane très large, jamais serrée à la ceinture. Il avait des cheveux mis-longs noirs de jais qui tombaient de chaque du visage, des grands yeux sombres.

Sarah s’arrête le temps d’enfourner une bouchée, bien la mâcher, l’avaler, et boire un verre d’eau, puis reprend.

  • Il est arrivé un soir d’hivers. Plus personne n’allait à l’église. 3 mois plus tard elle n’était plus assez grande pour contenir les fidèles.
  • Comment expliquez-vous ça ? Demande Antoine intrigué par les propos.

Sarah hésite à répondre.

  • Des bruits couraient, finit-elle par laisser tomber.

Dans l’expectative de la suite, Antoine en oublie de manger.

  • Quels bruits, fait Riotonto.

Sarah est gênée. Antoine maintient son regard interrogateur.

  • Il se disait qu’il guérissait les gens………finit-elle par dire en un souffle.

 

Antoine ne comprend pas. Que voulait-elle dire par « guérir ».

  • Il guérissait l’esprit, les âmes, voulez-vous dire, n’est-ce pas le travail d’un prêtre ? Lâche-t-il.

Sarah marque un silence, puis répond.

  • Il guérissait aussi le corps.
  • Il était médecin alors.
  • Non commissaire, cet homme n’était pas médecin ne prescrivait pas d’ordonnance, mais guérissait les gens.
  • Ce que vous me dites là est surprenant. Continuez je vous prie.
  • Je n’ai rien d’autre à dire commissaire. Je suis, dans cette ville, censée être une employée de mairie musulmane d’origine algérienne. Les chrétiens ne me font pas de confidences.

Antoine comprenait la gêne de Sarah. Elle était policier. Un policier se droit rationnel. Antoine n’insiste pas sur le sujet. Les assiettes sont vides.

  • Désirez-vous un fromage ou un dessert commissaire ? Demande Crochefryck.
  • Puis-je vous emmener prendre le café ailleurs ? Fait Antoine.
  • Je ne l’avais pas prévu. Je ne suis pas habillée pour, s’excuse-t-elle.
  • Vous êtes très bien comme ça, répond Riotonto.

Un froid sec règne sur Paris. Une myriade d’étoiles scintillantes et une lune pleine, veille sur elle. Les décorations de Noel sont installées sur les Champs Elysées. Les guirlandes accrochées aux arbres et poteaux électrifiés, font, de chaque côté de l’avenue, deux rivières rouges suspendues prenant leur source à L’Arc De Triomphe. Paris se pare pour la fête en commençant toujours à cet endroit, comme une élégante commence par couvrir les parties intimes, pour finir en explosion de formes et de couleurs avant d’aller au bal. Antoine se gare devant le Fouquet’s. Le couple descend de voiture. Sarah s’est couverte d’un long manteau en laine à rayures verticales ocres, jaunes, et blanches. Le col ras du vêtement libère son coup, son visage, ses cheveux, comme un feux d’artifice. Sarah et Antoine entrent dans l’établissement. La brasserie est bondée de monde. Un guéridon de libère, en terrasse couverte, accolé à la vitrine. Ils s’y installent et commande un double express et un café au percolateur accompagné d’un petit pot de lait.

  • De quelle tribu êtes-vous mademoiselle Sarah Crochefryck ? Demande soudain Antoine en tournant son double expresso. Vous êtes rousse et votre frère brun, c'est curieux, ajoute-t-il.

Sarah allait verser son nuage de lait dans son café au percolateur, mais suspend son mouvement.

  • C’est bien la première fois que l’on me pose une telle question, commissaire, je suis une Lévite, et il y a toujours eu des roux chez les juifs. Il en apparait quelques uns par génération. Esau, le frère jumeau de Jacob, était roux, répond-t-elle. 
  • La tribu dédiée à Dieu et au service du temple, dit pensivement Antoine.
  • Vous avez lu la bible ?
  • Vaguement.
  • Vous devriez vous y pencher plus sérieusement.
  • Pourquoi ?
  • Avez-vous déjà entendu parler du Linceul De Turin ?
  • Vaguement. 
  • C’est bien dommage.
  • Que voulez-vous dire ?

Les automobiles coule sur la grande voie, telle une eau de lumière dans le lit d’un Amazone cosmique.

  • Le Linceul De Turin, est le linge avec lequel on a enveloppé le Christ après l’avoir descendu de la croix. Sa particularité est d’avoir imprimé jusqu’à nos jours, son image avec tous les sévices subis.
  • Vous vous intéressez à Jésus, curieux pour une juive, fait-Antoine.
  • Jésus est le juif le plus célèbre de tous les temps. Normal qu’en tant que juive je m’y intéresse. Mais voulez-vous que je développe mon idée ?
  • Je vous en prie.
  • Le prêtre présente exactement les mêmes marques de torture que ce tissu. Ca en ait presque un copier collé. Les hommes qui ont commis ce crime ont étudié cette étoffe ainsi que les évangiles. Les trois dés sur l’’autel le prouvent « ils ont joué ses vêtement » est-il écrit.

Un air froid pénètre dans l’établissement à l’ouverture de la porte poussée par un petit homme suivi d’une femme tout aussi petite. Ils sont roumains, pauvrement vêtus. L’homme tient une guitare éventrée par une main. La femme porte sur sa poitrine, suspendu à son cou, un panier remplis de roses rouges. Le couple s’enfonce dans l’allée centrale de la brasserie. L’homme se met à gratter son instrument qui répond par un bruit horrible. La femme, quand-à elle, propose ses roses de table en table.  Un des garçons surgit soudain, un grand gars blond, en tablier et chemise blancs, rondin et cravate noirs, pour les chasser. Le petit couple résiste. Le garçon de café saisit l’homme par le col de son habit et le tire vers la sortie. Antoine intervient en brandissant sa plaque.

  • Laissez ses gens tranquilles, fait-il.

Le larbin disparait. Antoine prend la guitare des mains du roumain. Elle n’a plus que 4 cordes. Il les accorde. Puis, dans l’allée, au milieu du café, se met à jouer « Bamboléo » des Gipsy King. Au son des notes, une femme attablée en face d’un homme, se lève. Elle est grande, mince, coiffée d’’un chignon brun. Sa peau est de cuivre doré. Et elle se met à battre la mesure en claquant des mains. Elle est andalouse. Elle est chanteuse et danseuse de flamenco et prenait un verre après une représentation privée.  Et elle se met à danser, là, au milieu des tables, sous le son d’une guitare pourrie grattée par un homme dont l’amie, là -bas, contre la vitrine de la terrasse fermée, le regarde avec des yeux écarquillés d’étonnement. Et Antoine joue. Et l’andalouse chante danse et bat des mains. Et les petits romains courent de table en table se saisir des billets aux bout des doigts levées. Et la musique s’arrête. Et l’andalouse fait un clin d’œil complice à Antoine.  Et les bohémiens s’en vont riches et joyeux. Et Antoine revient à Sarah.

  • Vous êtes étonnant, dit-elle en un sourire
  • Et vous vous êtes belle.
  • Vous non, répond-t-elle.

Antoine baisse les yeux comme en une excuse.

  • J’ai été défiguré par une maladie infantile mal soignée.

Sarah regarde cet homme à la réputation sulfureuse s’’excuser de son visage grenelé.

  • Mais vous avez du charme.
  • Vous trouvez ?
  • Oui, votre gestuelle, votre sourire d’enfant quand vous avez goûté la soupe, votre regard pudiquement baissé il y a quelques secondes.
  • Voulez -vous danser ? Fait soudain Antoine.

Prise de court Sarah panique, puis éclate de rire.

  • Danser où ? ici ? Danser sur quoi ? Réussit-elle à dire entre deux éclats.
  • laissez m'en vous faire la surprise. 

 

Antoine et Sarah, quittent le Fouquet’s à 22h30. La nuit reste froide. Le couple s’engouffre dans la vieille Mercédes. Antoine se dissous dans le transit. Le boulevard Sébastopol est moins fréquenté. Antoine s’immobilise à l’angle de la rue Greneta. Deux hommes à forte carrure postent sous l’enseigne du « Salsero ». Antoine se présentent. Les vigiles s’écartent. Le couple pénètre. La musique donne. Une bouffée chaude souffle . Une bombasse en fuseau fluo vert amande, tient le vestiaire.  Antoine débarrasse Sarah de son manteau, se défait de sa veste, et les confie, puis l’entraîne  dans les entrailles du monstre. Il y a du monde. Le son est puissant. Antoine se dirige vers le bar. Sarah le suit. Un homme slalome dans la foule et vient à eux.

  • Antonio, mi amigo, como estas ? fait-il, en serrant le commissaire en une accolade virile.

L’équatorien est de taille moyenne, a les cheveux grisonnants, est très mât de peau. Le bas de son visage, rasé de près, est bleu. Ricardo guide le couple vers le comptoir dans une semi-pénombre assourdissante. Ricardo ensuite passe derrière le bar, chuchote à l’oreille de la barmaid, une brune tout en fesses et nichons, puis disparait. La serveuse sert un double Johnny Walker à Antoine et regarde interrogativement Sarah. Antoine parle à Sarah dans le creux de l’oreille.

  • Vous me faites confiance ?

Sarah acquiesce du chef. Antoine dirige ses mains vers la serveuse et fait une figure avec les doigts. La fille se retourne choisit trois bouteilles sur les étagères, verse de leur liquide dans un shaker, secoue fortement l’objet, remplit un verre de la mixture, y ajoute une tranche de citron vert, un petit oignon, et une olive verte, et le pose devant Sarah. Antoine rit de son air soupçonneux. Sarah s’empare de son cocktail, goûte, et sourit Antoine. La piste de danse est enfiévrée. Antoine avale son verre d’un trait et invite Sarah à faire de même. La barmaid les ressert. Le teint laiteux de Sarah rosit. Antoine saisit une main de Sarah l’entraîne vers la piste de danse. Elle résiste en riant. Il insiste. Elle cède. Ricardo connait les goûts de son ami et demande à son DJ du Youri. Et Youri chante. La Salsa. Les cuivres et percussions pénètrent, s’installent en Antoine, prennent possession de son corps. Antoine bouge. Sarah devant lui est paralysée. Antoine danse. Les vieux sons de percussion apporté d’Afrique par les esclaves, se mélangent aux complaintes des conquistadors espagnols. La salade agit, éveille en Antoine une gestuelle animale, primitive. Son corps bouge, ondule, se plie et se déplie. Antoine danse, devant Sarah, autour de Sarah, pour Sarah. L’alcool agit en Sarah. Elle se détend, libère son corps qui d’instinct se met à se mouvoir au rythme d’une musique de soleil, d’odeurs, de couleurs, remplie de joie, de chagrin et d’amour. Sarah et Antoine dansent, l’un pour l’autre, hors temps, sans se rendre compte que les danseurs autour d’eux s’arrêtent regarder ce grand fauve aux cheveux argent, et cette magnifique femme aux cheveux rouges, dans leur parade de séduction. Et Youri enchaîne sa version Une Belle Histoire. Et Antoine emprisonne Sarah de ses bras puissants, plaque sa poitrine à ses seins, son bassin au sien, l’emmène en un voyage de douceur, puis écrase ses lèvres sur les siennes, et leur langue se lient.

 

Antoine occupe tout le deuxième étage d’un des immeubles qui couvent la Place Du Terte. Les 250 m2 en une seule pièce, sont éclairés par 3 grandes portes fenêtre donnant sur 3 balcons perchés au-dessus de l’hymne à la peinture. Tout y est à portée de vue, table chaises anglaises, canapé fauteuils club vieux cuir café au lait, lit, tout au fond, juste à l’entrée le coin cuisine, seule reste discrète la douche italienne. Deux énormes écrans plat sont accrochés aux murs. Antoine effeuille Sarah, au milieu de l’espace, debout, laissant choir sur le parquet vieux chêne, robe de lin, soutien-gorge, et culotte, tout en lui dévorant les lèvres. Puis il la tire vers le lit. Sarah s’y assoie. Antoine ôte sa chemise flanelle et son slip. Sarah s’allonge en travers de la couche. Antoine en fait le tour, saisit Sarah sous les aisselles et tire afin que la tête et les épaules soient hors matelas, puis il s’agenouille. La tête à l’envers Sarah le regarde. Antoine prend son sexe, le décalotte, et présente le gland aux divines lèvres retournées. Sarah les entrouvre. Antoine s’y glisse et s’enfonce lentement dans les profondeurs de cette gorge, goutant la caresse par chaque mm3 de pénis. Antoine ne bouge pas. Antoine regarde ce corps laiteux parsemé de taches marron clair, devant lui. Antoine en caresse les seins, le ventre, les cuisses et bouge dans la moiteur de la bouche. Sarah plie les jambes et les écarte. Antoine plonge dans la fleur d’entre cuisses, hume son odeur, goûte son nectar. Antoine se retire. Sarah reste en travers de lit, tête et épaules hors matelas. Antoine va sur elle. Sarah s’ouvre davantage. Antoine s’enterre en elle en un baiser profond. Antoine se transforme en une vague au mouvement perpétuel, vas et vient, ondule sur Sarah, en un ressac inlassable de douceur, lui dévorant les seins, les épaules, le cou, la bouche. Sarah gémit, chuchote des mots hébreux à l’oreille de Antoine. Antoine sent les ongles de Sarah s’enfoncer dans sa chair. Elle est  prête. Il se retire, va en coin cuisine, et se sert un verre. Sarah désorientée s’assoie sur la couche et le regarde. Antoine prend son verre et va le boire devant une des 3 portes fenêtre en regardant la nuit. Sarah s’installe semi- assise, dos sur oreiller en appuie sur tête de lit, et attend, bras croisés sur la poitrine. Antoine termine son scotch et revient à Sarah. Elle boude. Antoine s’assoit sur ses côtes. Ses testicules vont se loger entre les seins. Antoine présente le gland aux lèvres roses. Elles restent fermées, boudeuses. Antoine glisse le bout du sexe dessus, lentement, plongé dans l’océan vert émeraude des yeux. Soudain les lèvres capturent le gland, le baguent. Mais Antoine ne répond pas à l’invitation, se retire et retourne Sarah. Cette dernière comprend, plie les jambes sous elle, et s’appuyant sur les avant- bras se donne. Antoine la prend, parcourant des mains la plaine de son dos. Couvrant le désert brûlant de baiser. Antoine redevient la vague. Antoine se rassasie de cette chair embrasée. Sarah essaie de regarder Antoine en tournant vers lui au maximum le visage. Antoine voit les yeux scintiller, et la bouche s’ouvrir. Antoine se retire et retourne boire un Johnny Walker, regard perdu dans le ciel étoilé. Sarah l’attend assise sur la couche. Antoine retourne à elle. Sarah se positionne comme au début, en travers de lit, jambes pliées et écartée, tête et épaules hors matelas. Antoine se plante en elle et la pilonne, la laboure. Sarah le ceinture de ses jambes et le serre en elle. Antoine sait qu’il ne pourra plus la feinter et l’honore encore et encore. Et Sarah explose. Et Antoine continue. Et Sarah repart. Et Antoine pilonne toujours et encore.

  • Arrête Antoine je n’en peux plus, souffle-t-elle.

Mais Antoine lui répond « non » et martèle de tout son corps. Et Sarah s’envole à nouveau. Et Antoine se fige. Sarah le regarde.

  • Jouis sur mon ventre et mes seins mon amour, susurre-t-elle.
  • Je veux en toi Sarah, répond-t-il en un souffle.

Sarah comprend et accepte en baissant les paupières. Antoine s’enlève. Sarah se retourne, casse et écarte sous elle les jambes à nouveaux, s’appuie sur le lit sur un côté du visage, et ouvre à dix doigts les fesses somptueuses. Antoine colle le bout de turgescence au bouton brun, force, il résiste. Antoine appuie. L’orifice cède. Antoine se plante entièrement, et se libère en un jet abondant et puissant. Sarah demande la dernière goûte en un coup de rein en arrière. Antoine se retire. Sa générosité sort en un ruisseau de nacre luisante et va se perdre dans les lèvres intimes. Il est  5h30 du matin. Ils ne dormiront pas cette nuit.

 

 

 

 

 

 

 

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